Un homme à distance: essai sur le roman épistolaire contemporain

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Faculté de Pédagogie-Université de Tanta, Égypte.

Abstract

Un homme à distance : essai sur le roman épistolaire contemporain
Roman par lettres ou en lettres ou  en forme de lettre[i], roman épistolaire[ii], ou courrier  du cœur[iii] est une des formes de  la littérature intime[iv] ou bien la littérature des profondeurs[v]. Vue comme forme de ''discours'', ce roman se fonde sur un schéma de communication entre un destinateur et un destinataire. Cette structure communicationnelle rend la lettre une action comme la parole qui vise à influencer le destinataire afin de créer un état nouveau et ouvre la voie de l'introspection et de la vraisemblance selon les termes de F.Calas (pp.9, 13, 16). Cet échange  apparaît alors comme le substitut des paroles[vi]. Par ailleurs, la  lettre  forme un fait social et littéraire par le va et le vient entre  deux pôles : le  public et le privé (F.Calas, p.11).
Les particularités du roman épistolaire attirent notre attention pour l'analyse de son statut  à nos jours. Au delà de l'identité formelle extérieure, ce genre envisage l'existence d'un noyau commun aux différentes formes de cette production[vii]. C'est ce que Jean Montenot identifie par « protéiforme »,la lettre étant à son avis« un objet difficilement identifiable du point de vue littéraire »[viii]. Aussi pouvons nous soutenir l'opinion qui estime que le roman en lettres se révèle capable de notations plus fines, plus vraies, plus logiques, plus synthétiques que le roman traditionnel, et permet de surmonter l'artifice des paroles : « écrire n'est pas seulement traduire une expérience, c'est aussi exister en inaugurant un nouveau rapport au monde, dont l'écriture n'est pas la méditation, mais l'expression »[ix].



[i] CALAS Frédéric, Le Roman épistolaire, coll.''128'', Nathan Université,
   Paris, 1996, pp. 8, 113.


[ii] «L'adjectif "épistolaire", que le langage critique a substantivé pour désigner l'ensemble des facteurs liés à l'échange de lettres, est un emprunt au latin médiéval epistolarium qui désigne un livre de lettres. Il qualifie tout ce qui "a rapport à la correspondance par lettres"» HAROCHE-BOUZINAC Geneviève, L'épistolaire, Hachette, Paris, 2002, p.3.


[iii]VERSINI Laurent, Le Roman épistolaire, Coll."Littératures modernes'',
  PUF, Paris, 1979, p.69.  Voir aussi Le Grand Dictionnaire Encyclopédique Larousse, Larousse, Paris, 1983, p.3828.


[iv] LEJEUNE Philippe, L’autobiographie en France, Armand Colin, Paris,
   2003, p. 43. 


[v] MACHEREY Pierre,  A quoi pense la littérature ?, Presses
   Universitaires de France, Paris, 1990, p. 77.


[vi] ROUGEOT Jacques, La littérature épistolaire, Littérature et genres  Littéraires", Encyclopoche Larousse, Larousse, Paris, 1978, p.169. Il indique que l'habitude de publier des correspondances se répandit au XVIe siècle.


[vii] ROUGEOT Jacques, op.cit. C'est ce qu’affirme Érasme: Les lettres
   peuvent adopter toutes sortes de formes et de sujets, mais il maintient
   une rhétorique de la monovalence : un sujet, un propos et une lettre.


[viii] MONTENOT Jean, "Ce que révèle la correspondance des écrivains",in
   Lire, n°355,  2007,  p. 31.


[ix] PALAYRET Guy et ROUSSEL François, L'échange entre réciprocité et
  transaction, Belin, Paris,  2002, p.136 .

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